lundi 28 avril 2008

Pour la suppression des machines à voter





Commençons par un brin d'humour : une vidéo poilante de TheOnion, sous-titrée par Littlehorn.




Dans cette parodie de journal télé, la présentatrice explique qu'au cours d'un bug lors d'une démonstration, les machines à voter ont accidentellement révélé le nom du futur vainqueur de l'élection présidentielle aux Etats-Unis (qui s'avère être John McCain). "C'est en effet la première fois que le résultat d'une élection présidentielle est révélé plusieurs moins avant le scrutin". C'est trop bon de voir les micro-trottoirs bidonnés (y compris le type qui dit qu'il s'en fout, puisqu'il aurait voté McCain de toutes façons). On enchaîne sur le porte parole de Hillary Clinton qui affirme que la candidate ne se retirera pas de la course à l'élection pour autant : comme prévu, elle attendra que sa défaite lui soit communiquée le jour de l'élection et elle fera semblant d'être surprise. Puis on passe à l'interview du Directeur des relations publiques de la société qui commercialise les machines à voter, qui explique qu'il est désolé pour ce malheureux incident, et qui s'engage solennellement à ce que son entreprise mette tout en oeuvre pour éviter de se faire gauler à nouveau. "Nous continuerons à préserver l'illusion de la démocratie du mieux que nous pourrons", etc... C'est très bon, j'aime beaucoup.







Mais la réalité est-elle si différente ?





Les machines à voter ne sont pas fiables. Pour s'en convaincre, on peut par exemple se référer à l'étude menée par les chercheurs de l'université de Princeton : voir l'article (voir la vidéo en grand format).


A voir également, un reportage de quelques minutes sur i-télé :







En France, sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy ministre de l'intérieur en 2003 (cf arrêté du 17 novembre 2003), nous sommes 1.5 millions dans 82 communes à utiliser le vote électronique (voir article).

Pour des articles intéressants sur la situation en France, on pourra consulter celui-ci, et plus récemment celui-là.
L'article wikipédia sur le vote électronique est également très bon (plein de sources).


Citons également l'incontournable http://www.ordinateurs-de-vote.org et sa pétition en ligne, que vous êtes priés d'aller signer illico.






Pour ceux qui veulent aller plus loin au le sujet des fraudes électorales aux machines à voter lors des élections de 2000 et de 2004 aux Etats-Unis, je ne saurai que trop vous conseiller le visionnage du documentaire Hacking-Democracy (voir la vidéo : La démocratie piratée - VO sous-titrée).
Ca dure 1h20 et ça traîne un peu en longueur. C'est dommage, le tout aurait probablement tenu en 30 à 45 minutes. Malgré tout, c'est un documentaire intéressant : après avoir vu ça, on comprend mieux comment Al Gore a pu récolter un total de suffrages négatif dans certains bureaux de vote en 2000. Le documentaire montre également l'extrême passivité de John Kerry dans le jeu de dupes qu'a été l'élection présidentielle de 2004.



vendredi 25 avril 2008

De la présomption d'innocence à la présomption de culpabilité



A compter d'aujourd'hui, ce blog reprend du service. Pour recommencer en douceur, je vous propose un très bon article de Paul Villach, publié sur Agoravox il y a quelques semaines. J'en reprends quelques extraits, le texte complet est disponible ici.




La présomption d’innocence maltraitée par les médias de masse

S’il est un principe qui distingue la démocratie de la tyrannie, c’est bien celui de la présomption d’innocence. En démocratie, tout citoyen est présumé innocent tant qu’un tribunal, statuant en dernier ressort, n’a pas conclu définitivement par jugement à sa culpabilité.

[...]


Et la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 l’a réaffirmé dans son article 11 : « Toute personne accusée d’un acte délictueux est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d’un procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui auront été assurées. »

En tyrannie, au contraire, tout sujet est, avant tout examen, considéré comme coupable, sous réserve qu’il apporte la preuve de son innocence, si tant est que les tyranneaux s’en soucient !
La différence n’est pas mince : en démocratie, la charge de la preuve est à l’accusateur et, en tyrannie, elle incombe à l’accusé.

[...]


Rien ne semble donc plus difficile aujourd’hui que de s’en tenir à la présomption d’innocence. Et de ce travers tyrannique dangereux pour la démocratie, les médias en portent une part de responsabilité. Friands de crimes et de délits qui leur garantissent une audience par le réflexe inné de voyeurisme sollicité, ils n’y vont pas par quatre chemins pour condamner avant tout examen judiciaire les personnes mises en cause.

Il suffit pour s’en rendre compte de parcourir les pages des journaux de ces dernières semaines. Ici, « un présumé violeur en série » est arrêté ; là, on attend « l’extradition des tueurs présumés » ; un jour, « l’agresseur présumé a été mis en examen pour meurtre et écroué » ; un autre jour, c’est un « appel à témoins (qui est lancé) pour localiser les victimes d’un pédophile présumé ». Quant au procureur de Nice, É. De Montgolfier, il est « mis en examen pour un maintien en détention présumé abusif ». Même M. Robert Badinter succombe à cette mode : interrogé par Le Monde, le 25 février dernier, sur la rétention de sûreté des criminels dangereux après accomplissement de leur peine, il parle de la nécessité « dès le début de l’instruction (...) d’établir un diagnostic de l’auteur présumé du crime ». Et si l’on tape sous Google les expressions « agresseur présumé », « violeur présumé » ou « meurtrier présumé », les exemples abondent.

Serait-ce que les médias en général ignorent le sens de l’adjectif « présumé » : « que l’on croit tel par hypothèse », dit le dictionnaire Robert, c’est-à-dire que l’on tient pour tel avant tout examen.
« Un agresseur présumé » est donc bien une personne que l’on présente comme agresseur avant tout examen, quand en démocratie on ne peut être déclaré tel qu’après examen judiciaire. Certains médias en sont conscients puisqu’ils savent parfois parler du « portrait robot d’une femme soupçonnée d’avoir livré le colis au cabinet », d’une « plainte pour disparition et enlèvement supposé » ou encore du « suspect (qui) a dû remettre son passeport ».
Les mots existent bel et bien en français pour respecter l’innocence présumée d’une personne recherchée ou poursuivie.

Pourquoi donc cette obstination dans l’erreur ? Errare humanum est, perseverare diabolicum. De deux choses l’une, ou les journalistes ignorent ce rudiment de droit ou au contraire ils le connaissent. Mais dans les deux cas, ils inculquent à leur insu ou sciemment dans les esprits, sans en avoir l’air, une habitude de pensée qui ruine un principe différenciant démocratie et tyrannie.

[...]

Mais, la répétition étant le procédé indolore de l’inculcation, à force de répétitions dans les médias, les gens simples finissent par se constituer un corpus d’idées tyranniques à leur insu qui empoisonnent leur mode de pensée. Car, dit le proverbe, « il n’est pas d’erreur qui, inlassablement répétée, ne finisse par prendre des airs de vérité ».


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